Sa reconstruction a débuté au XVe siècle, sur les fondations de l'église primitive du XIVe siècle. Elle a été agrandie au XVIe siècle et terminée au XVIIe. On conserve de l'époque gothique le portail, les chapelles latérales, le cloître et une partie très réduite du triforium. Entre 1575 et 1629 se produit l'agrandissement du temple avec un caractère naettement Renaissance. Cette transormation coïncide avec la défaite de l'Invincible Armada (1588), un fait historique à l'origine de la décadence du commerce de la laine et, par conséquent, d'un retard dans les travaux d'agrandissement.
Santa María de Deba
XVe-XVIe siècles. Gothique-renaissant.
L'église de Santa María (Monument National de l'État) est considerée comme une des plus belles oeuvres du patrimoine architectural religieux basque. En dépit de ses dimensions propres à celles d'une Cathédrale, l'austérité de ses murs extérieurs, qui évoquent ceux d'une grosse tour calcaire, la fait passer inaperçue. Mais sa richesse intérieure est toute une surprise.
Le début de sa construction coïncide avec l'époque où la ville connaît sa plus grande splendeur, et son financement est assuré par les citoyens. Le port de Deba comptait à l'époque parmi les plus importants de l'État, au même titre que ceux de Santander et de Bilbao. Les impôts perçus sur le commerce de la laine de Castille, exportée en Flandre, en Angleterre et dans d'autres pays européens à travers ce port, ont contribué à l'enrichissement du bourg, une propérité également liée aux expéditions baleinières à destination de Terre Neuve.
Brochure de l'église Santa María
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Phases de construction
Le portail
Il fut construit au XVe siècle et plychromé au XVIIe (1682). Le portail de Santa María trouve un précédent dans l'église de Santa María de los Reyes de Laguardia (province d'Alava). Sa chronologie et son style rappellent ceux d'Elgoibar (Olaso), de Gernika et de Lekeitio, ce qui fait penser qu'elles sont probablement l'oeuvre d'un même auteuer (Juan de Acha).
Son iconographie comprend une frise qui représente les douze apôtres (six de chaque côté). La frise soutient une archivolte gothique décorée de 38 figures d'anges, de vierges et de martyrs, séparées par de petits dais.
Le tympan est divisé en trois franges; la première représente l'Annonciation, la Visitation, la Nativité et l'Épiphanie; la seconde illustre la Mort et l'Assomption de la Vierge; et la troisième décrit le Couronnement.
La porte est divisée par un meneau sur lequel s'adosse l'image du Sauveur.
L'intérieur
Il se compose de trois nefs spacieuses de l'époque de la Renaissance. Ces nefs sont séparées par huit colonnes disposées en deux files de quatre. Les colonnes possèdent une base attique et des chapiteaux de style dorique-toscan, et soutiennent les nervures qui composent les voûtes sur croisée d'ogive dont les clefs, bon nombre d'entre elles polychromées, sont taillées de formes géométriques ou de figures de type religieux. Les colonnes obéissent aux dimensions considérées parfaites dans les manuels d'architecture de la Renaissance.
Suspendu à la voûte par un câble, on peut apprécier un navire, exvoto qui corerspond curieusement à celui d'une frégate armée en course, une offrande dont l'origine est probablement liée à l'une ou l'autre bataille navale.
En haut du mur sud s'ouvrent de grandes baies de vitraux plombés, oeuvre du maître Simón Berasaluce. Elles sont décorées de motifs qui représentent différentes activités professionnelles et religieuses.
Les retables
Le retable majeur fut exécuté entre les années 1663 et 1671 par Pedro de Aloitiz, et c'est Miguel de Brevilla qui fut chargé des dorures et de la peinture de ce dernier. Il s'agit d'une oeuvre de style Renaissance, même si ses éléments décoratifs sont totalement baroques. Son schéma est celui d'une prédelle ou partie basse sur laquelle reposent 3 registres et 3 travées. Des deux côtés de la prédelle sont représentées l?Agonie de Jésus au Jardin des Oliviers et la Dernière Cène.
Le premier registre montre, d'un côté, un relief de l'Immaculée Conception, et de l'autre, la Nativité de Marie. Le second registre accueille une représentation de l'Annonciation, de l'Assomption et de la Visitation. Le troisième registre est consacré à la Fuite en Egypte, au Couronnement, et à la Vierge assise tenant l'Enfant. Les sculptures de Saint Pierre et de Saint Paul, Saint Ignace et Saint Roch, Saint Dominique et Saint François, séparent les trois travées.
Les retables latéraux ont été réalisés entre 1683 et 1686 par Pedro Aloitiz et Matheo de Azpiazu.
Celui qui se trouve du côté de l'Evangile est dédié à Notre Dame du Rosaire et est présidé par l'image de cette Vierge entourée de celles de Sainte Rose de Lima et de Sainte Rita de Norcia. Au second niveau apparaissent Saint Jean Baptiste, Saint Augustin et Saint Barthélemy; et la partie supérieure héberge Saint Antoine de Padoue.
Le retable situé dans la partie de l'Épître est présidé par une image de Saint Michel Archange, flanqué de Saint Bonaventure et de Sainte Thérèse d'Avila. Dans les autres niches, on peut reconnaître les images de Sainte Catherine, Saint Thomas et probablement, dans la partie la plus élevée, celle de Sainte Isabelle.
Les chapelles
Elles furent construites par les nobles de l'époque, des familles fortunées de marchands qui côtoyaient la noblesse de Castille.
Chacune de ces chapelles sépulcrales constitue en elle-même un monument. Elles n'étaient pas prévues dans le projet initial et ont par conséquent été construites ultérieurement.
Trois des six chapelles existantes se trouvent du côté de l'Épître (en entrant, à droite), les trois autres du côté de l'Évangile (à gauche).
Sur la droite se trouvent celles de San Pedro (famille Aguirre), San Antón (famille Sasiola) -dont l'intérieur conserve un magnifique triptyque flamand du XVIe siècle-, et Santo Sepulcro (ancienne sacristie).
Du côté gauche se situent celles de Santo Domingo, qui appartint au commandeur Juan de Andonaegui; celle de San Juan, de la propriété de la famille Zubelzu et connue comme la chapelle de "La Hilandera" (La Filandière); et enfin celle de Nuestra Señora de la Misericordia, de la puissante famille des Irarrazabal.
La sacristie
La sacristie baroque a été la dernière réalisation architecturale d'envergure construite à l'église de Santa María de Deba. L'objectif de sa construction consistait à créer un espace de dimensions suffisantes pour accueillir les réunions plénières de l'important chapitre de la paroisse (16 prêtres).
Le projet date du début du XVIIIe siècle, et son exécution, par Lázaro de Lizardi, se situe entre 1713 et 1714. Le mobilier fut conçu par Francisco de Ibero en 1770 et est considéré comme le chef d'oeuvre de l'ébénisterie rococo de la province de Gipuzkoa.
Le choeur
Il est soutenu par un espace voûté, avec trois arcs surbaissés soutenus par deux grandes colonnes et qui s'ouvrent sur les trois nefs. La tribune est flanquée de deux perrons d'accès.
Encastré dans le mur du choeur, on peut observer une partie de l'ancien triforium qui entourait le temple, un triforium qui a disparu lors des agrandissements réalisés au XVIe siècle.
L'exécution du choeur bas, situé à côté des portes d'entrée du temple, date du XVIe siècle. Chacune de ses extrémités héberge deux petites pièces jumelles de plan circulaire. Celle qui se trouve à droite de l'entrée a été utilisée comme Baptistère de sa construction jusqu'à une époque récente; celle de gauche a de tous temps servi de chapelle et est connue comme celle de la Virgen de Itziar.
L'orgue
Fabriqué en 2009 dans les ateliers catalans de Gerhard Grenzing, il est considéré comme une référence de la facture d'orgues du XXIème siècle. La contemporanéité, une personnalité propre, une conception et esthétique en harmonie avec la majesté de l'église Santa María furent les éléments pris en compte pour sa fabrication.
L'instrument dispose de 4 corps: 3 claviers manuels et un pédalier. La représentation des jeux est caractéristique de la structure acoustique des grands orgues de tradition ibérique avec une ample rprésentation des trois familles de jeux: principaux, nasards et jeux d'anches.
L'esthétique de sa façade est étroitement liée à l'église et à la ville. Ses lignes s'inspirent du retable gothique de l'une des chapelles du temple: celle de la famille Sasiola, et sa décoration (blason, rouet, cloches et couleurs aigue-marine) évoque les armoiries, les légendes ainsi que l'histoire de l'église et de la ville maritime de Deba.
Le cloître
Sa construction a vraisemblablement débuté vers l'an 1500 et il est le plus ancien de la province de Gipuzkoa. Il s'étend sur le flanc méridional du temple et sa porte constitue l'ancien accès à l'église par la façade sud. Bien que conditionné par les chapelles, son allure est harmonieuse et ordonnée, et il ne manque pas d'obéir à la tradition médiévale consistant à symboliser à cet endroit l'idéalisation du Paradis Céleste. Les proportions entre le quadrilatère extérieur et intérieur présentent ainsi un coefficient de 1'618, qui est connu comme le "Nombre d'or" ou "Divine proportion".
Il se compose de quatre galeries voûtées d'ogives et s'ouvre sur le patio intérieur à travers seize arcades d'ogives à claire-voie combinant des figures géométriques. Sa construction a été lente et discontinue, comme le démontrent les baies vitrées du coin nord-ouest du cloître, où s'alternent les décorations géométriques flamboyantes du début du XVIe siècle et les décorations géométriques Renaissance de 1547. Les voûtes à tiercerons rhomboïdes de la galerie orientale et l'ornementation des moulures concaves des arcs rappellent celles réalisées par Juan Guas (l'architecte préféré des Rois Catholiques) à la Cathédrale de Ségovie et à San Juan de los Reyes, dans la province de Tolède. Cette circonstance fait penser que la direction des travaux a pu être assurée par un tailleur de pierres basque formé à l'atelier de Guas.
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